Les 8 et 9 janvier, les syndicats organisent une grève générale de deux jours à l’échelle nationale afin de dénoncer les nouvelles attaques contre les conditions de travail en Inde. Le gouvernement est sur la sellette à l’approche des élections, car les affiliés de la CSI (INTUC, HMS et SEWA) et d’autres syndicats indiens mobilisent des millions de travailleurs pour descendre dans les rues et manifester leur mécontentement.
Des travailleurs de tous les secteurs prennent part à la grève : agriculture, enseignement, ports, banques, électricité et transports ainsi que des travailleurs informels comme les vendeurs ambulants et les chauffeurs de taxi.
Une délégation de la CSI incluant notamment Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, et Felix Anthony, président de la CSI Asie-Pacifique, se joint à une manifestation des travailleurs à Gurugram le 8 janvier.
« Les travailleurs en ont assez. Ils en ont assez d’être marginalisés, assez des bas salaires et assez des promesses trahies en matière de création d’emplois et qui mettent le développement économique de l’Inde en danger. Le mouvement syndical mondial se tient aux côtés de ses frères et sœurs en Inde, » a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.
Un grand nombre de personnalités nationales ont vivement critiqué le gouvernement Modi à l’approche des élections nationales, qui se tiendront d’avril à mai 2019. Les syndicats dénoncent les initiatives visant à introduire de nouveaux obstacles à la négociation collective, à privatiser la sécurité sociale et à permettre aux employeurs de procéder plus facilement à des licenciements massifs des travailleurs.
« Depuis toujours, la fière démocratie indienne s’efforce de rassembler la richesse de la diversité de ses voix et de ses intérêts tout en gouvernant dans l’intérêt de la population. Cette tradition bien ancrée est aujourd’hui menacée par les actions d’un gouvernement qui a présidé à une érosion continue des normes du travail depuis 2014. On ne saurait continuer à ignorer les travailleurs dans la prise de décisions qui les affectent au premier chef.
Le dialogue social est menacé et la négociation collective est en cours de destruction en Inde. Par ailleurs, sans un salaire minimum national qui permette aux gens de vivre, sans emplois et sans protection sociale pour les travailleurs formels et informels, la population est exposée à une insécurité accrue.
Plus de 90 % des travailleurs évoluent encore dans le gigantesque secteur informel de l’Inde. Nombre de ces travailleurs adhèrent aux syndicats afin de faire reconnaître leurs droits et d’améliorer leur situation. Le gouvernement doit être un partenaire dans cet effort. Toutefois, ses mesures ont créé de nouveaux obstacles à la formalisation et fragilisé les droits des travailleurs du secteur formel. Le salaire minimum vital et la protection sociale pour tous contribueront à la sécurité des familles de travailleurs et à la mise sur pied d’une économie durable. Le gouvernement a rompu de nombreuses promesses en la matière et la population a perdu espoir, » a déclaré Mme Burrow.
« L’Inde est le laboratoire de la démocratie en Asie-Pacifique. Les attaques contre les droits des travailleurs et le droit du travail menacent les droits et libertés démocratiques dans toute la région, » a déclaré Felix Anthony, président de CSI Asie-Pacifique et secrétaire général du FTUC (Fidji).
Les syndicats projettent d’autres mobilisations au cours des prochains mois.