Alors que la répression violente de la population dissidente se durcit au Myanmar et que les arrestations et détentions arbitraires de plusieurs centaines de citoyens se poursuivent, les responsables du coup d’État militaire envisagent désormais d’instaurer une nouvelle loi sur la cybersécurité qui placera l’ensemble de la population sous surveillance permanente et supprimera la liberté d’expression.
L’armée a publié son projet de loi le 9 février dernier, accompagné d’une prétendue possibilité de «consultation» (factice) de six jours. Les salariés de plusieurs secteurs économiques clés au Myanmar refusent toujours de reprendre le travail et continuent de bénéficier du soutien inébranlable de la population.
Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré: «Cette loi permettra aux militaires de prendre le contrôle de tous les moyens de communication au Myanmar et aura des conséquences dramatiques pour la démocratie et les droits humains, ainsi que des répercussions économiques et sociétales désastreuses pour le pays. Le simple fait de remettre en question les agissements de la junte militaire en ligne entraînera des peines d’emprisonnement et de lourdes amendes. Toutes les entreprises étrangères poursuivant leurs activités au Myanmar verront tous leurs faits et gestes placés sous haute surveillance et seront forcées de collaborer avec l’armée selon des modalités les exposant, elles et leurs employés, à de graves risques juridiques en dehors du pays.»
Parmi les délits relevant de la cybercriminalité, le projet de loi prévoit notamment «toute déclaration écrite ou verbale contre les lois existantes», une violation flagrante du droit à la liberté syndicale et associative, reconnu par la communauté internationale et les traités internationaux relatifs aux droits humains. D’autre part, une telle mesure législative ne permettra plus aux organisations syndicales et patronales de faire valoir les normes pertinentes de l’Organisation internationale du Travail (OIT), entrant ainsi en violation avec les procédures de l’organisation.
Outre les infractions constatées sur le territoire national, la loi prévoit également de sanctionner les délits commis au niveau international. Concrètement, toute personne qui critique la junte à l’extérieur du Myanmar risque de se voir poursuivie par les militaires birmans. Le contrôle de la liberté d’expression s’étend jusqu’à l’«Internet des objets».
Sharan Burrow ajoute: «Un seul homme, le général Min Aung Hlaing, leader du coup d’État, signera prochainement cette loi, marquant ainsi le début d’une nouvelle période d’obscurantisme pour le Myanmar. Min Aung Hlaing et les généraux qui l’entourent poursuivent deux objectifs principaux: faire taire toute dissidence au Myanmar et empêcher la diffusion dans le monde de toute information dénonçant les violations des libertés et des droits fondamentaux dans le pays. La junte espère ainsi garder la mainmise sur l’économie et permettre aux militaires de continuer à piller les ressources du pays pour servir leurs propres intérêts, à hauteur de plusieurs milliards de dollars. La junte déclare au monde entier qu’elle respecte les droits humains – un pur mensonge. Les généraux doivent être isolés et leurs activités lucratives mises à l’arrêt.»