La police a ouvert le feu sur des travailleurs qui manifestaient contre la hausse du coût de la vie au Zimbabwe. La répression sanglante est intervenue en représailles d’un mouvement de grève pacifique de trois jours. L’appel à la grève avait été lancé par le Zimbabwe Congress of Trade Unions (ZCTU) suite à une hausse des prix des carburants imposée unilatéralement par le gouvernement.
Le ZCTU a fait état d’une escalade de la violence et de tirs à balles réelles qui ont causé la mort d’au moins deux manifestants. La CSI a également reçu de nombreux rapports faisant état de manifestants blessés par balle alors qu’ils participaient aux mobilisations nationales. Le recours à la violence par le gouvernement est le dernier d’une série d’attaques contre les droits des travailleurs.
« La répression que mène le gouvernement du Zimbabwe à l’encontre de son propre peuple est scandaleuse. L’espoir qu’avait suscité la chute du régime Mugabe a fait place au désespoir, à la colère et à l’angoisse, alors que les familles de travailleurs sont contraintes de payer la facture pour les politiques économiques déficientes du président Mnangagwa. Les salaires ne sont pas à la hauteur de l’inflation et plongent les familles de travailleurs dans la pauvreté. Le gouvernement doit immédiatement mettre fin à la répression violente contre les manifestants et engager des pourparlers avec les syndicats pour tenter de trouver une solution pacifique », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.
Dans une lettre au gouvernement datée du 11 janvier 2019, le ZCTU a exprimé sa profonde préoccupation face à la flambée de prix des biens et services. Dans sa lettre, le ZCTU esquissait une série de mesures spécifiques pour tenter de désamorcer la situation et avertissait du risque d’une grève générale en cas d’inaction. Le lendemain-même, le gouvernement a annoncé une hausse de 150 % des prix des carburants.
« Nous avons été sidérés de voir que le gouvernement ajoutait encore au fardeau des pauvres et des citoyens ordinaires de ce pays », a confié Peter Mutasa, président du ZCTU. « Avec les augmentations des prix du carburant et des denrées de base, désormais nous travaillons juste pour le transport », explique-t-il. Les récentes mesures du gouvernement exacerbent l’insécurité alimentaire et rendent les coûts du transport prohibitifs.
L’appel à l’action des syndicats, qui a commencé lundi, est soutenu par une vaste alliance d’organisations de la société civile, reflétant le mécontentement généralisé à l’égard des politiques du gouvernement, qui poussent les travailleurs et leurs familles vers la pauvreté.
La CSI appelle à l’arrêt immédiat de la violence et affirme sa pleine solidarité avec les travailleurs du Zimbabwe et leurs demandes :
- mettre fin à la crise et aux difficultés économiques ;
- inverser l’augmentation du prix du carburant ;
- rémunérer les travailleurs en dollars américains afin qu’ils n’aient pas à faire les frais du faible cours de la monnaie nationale.