Cette année, la Journée mondiale pour le travail décent, célébrée le 7 octobre, est consacrée aux millions de travailleurs et de travailleuses aux quatre coins du monde qui réclament une justice salariale.
L’inflation galopante, résultant de la recherche de profits par de puissantes entreprises qui contrôlent l’énergie, les transports, les produits alimentaires et d’autres produits de première nécessité, plonge davantage de travailleurs/euses et leur famille dans la pauvreté.
Plus de la moitié des ménages peinent à s’en sortir et 10 % ne sont même pas en mesure de prendre en charge les coûts des biens de première nécessité.
La pandémie de Covid-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont un impact considérable sur la fourniture de biens, et rien n’est fait contre les profits tirés de ces crises par les entreprises.
Cette situation vient s’ajouter à la diminution, depuis plusieurs décennies, de la part de la prospérité qui revient aux travailleurs/euses dans la mesure où ils obtenaient déjà moins que ce qui leur était dû suite à la suppression des activités syndicales, en particulier la négociation collective.
Dans la plupart des pays, les salaires minima ne sont pas appropriés, de sorte que ces travailleurs/euses continuent de perdre du terrain.
Une justice salariale
La justice salariale constitue une pierre angulaire du contrat social entre travailleurs/euses, gouvernements et employeurs, qui a été compromise au profit de la cupidité des entreprises.
Depuis le début de la pandémie, 573 personnes sont devenues milliardaires, contrôlant désormais 13,9 % du PIB mondial, tandis que plus de 700 000 personnes supplémentaires basculent dans la pauvreté chaque jour.
La rupture du contrat social résultant des décisions délibérées prises par les gouvernements menace la démocratie elle-même dans la mesure où la répression antisyndicale et l’absence de garantie de législations du travail équitables atteignent des niveaux sans précédent.
Cette situation se trouve renforcée par le mythe véhiculé par certains économistes et représentants des banques centrales, ainsi que des milieux politiques et médiatiques conservateurs, selon lequel l’inflation est en quelque sorte imputable aux travailleurs et aux travailleuses et que toute augmentation des revenus des personnes serait préjudiciable à l’économie. Tout cela est tout simplement faux : l’inflation dans les quelques pays qui appliquent l’indexation automatique des salaires atteint à peu près le même niveau que celui dans les pays comparables qui n’ont pas accordé d’augmentations salariales.
Un tournant décisif
Les travailleurs et les travailleuses dans le monde entier n’ont eu d’autre choix que de faire grève pour exiger des mesures visant à réduire l’écart salarial face à l’inflation galopante qui prive les ménages et les communautés de la possibilité d’avoir accès à une vie décente et à un avenir digne.
Nombreux d’entre eux font face à une répression violente de la part de gouvernements redevables des intérêts des entreprises, ou à la menace et à la réalité de perdre leur emploi.
Le mouvement syndical international est uni pour défendre la justice salariale pour tous les travailleurs et les travailleuses, dans l’économie tant formelle qu’informelle, où qu’ils vivent et quelles que soient leurs activités
Les crises croisées du réchauffement planétaire, des conflits armés et de la cupidité des entreprises doivent constituer un tournant décisif, où les gouvernements acceptent de devoir gouverner dans l’intérêt des citoyens et de ne plus se plier aux intérêts des puissantes élites corporatistes.
Le monde a besoin d’un nouveau contrat social, centré sur la justice salariale. Le déficit mondial de 575 millions d’emplois doit être réduit, les droits fondamentaux des travailleurs doivent être respectés, la discrimination doit être remplacée par l’égalité, la protection sociale doit être étendue à tous et une économie mondiale inclusive, affranchie des vestiges du colonialisme, doit être construite.
C’est sur ces fondements que la paix peut être bâtie et que les défis pressants d’aujourd’hui et de demain peuvent être relevés et surmontés.