À l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, le 12 juin, la CSI appelle la communauté internationale à agir de toute urgence, dans la mesure où le monde est loin de respecter l’échéance prévue de 2025 pour atteindre la cible 8.7 des Objectifs de développement durable.
Selon les nouvelles Estimations mondiales du travail des enfants de l’OIT-UNICEF, près de 138 millions d’enfants sont encore astreints au travail des enfants et 54 millions d’entre eux effectuent des travaux dangereux. Derrière chaque chiffre se cache un enfant privé de son droit à l’éducation, à la sécurité et à un avenir meilleur.
Le secrétaire général de la CSI, Luc Triangle, a déclaré : « Le travail des enfants est le symptôme d’une injustice plus profonde. Il reflète une crise liée au travail décent. Lorsque les adultes sont sous-payés, privés de protection ou sont au chômage, ce sont leurs enfants qui en paient le prix. Les salaires de misère, le travail informel et l’absence de protection sociale obligent les familles à faire des choix impossibles. »
« La communauté internationale s’est engagée, dans le cadre de la cible 8.7 des Objectifs de développement durable, à éliminer le travail des enfants d’ici 2025, mais nous sommes loin de l’atteindre. Ceci n’est pas dû à un manque de ressources. Mettre fin au travail des enfants est une question de justice, de responsabilité et de volonté politique. Nous ne pouvons plus attendre. Nous devons agir dès maintenant, moyennant des lois, des budgets, le pouvoir des syndicats, pour mettre fin à cette injustice et assurer à chaque enfant un avenir meilleur ».
La CSI appelle les gouvernements et les employeurs à prendre les mesures suivantes de toute urgence :
- garantir un salaire vital et un travail décent à tous. Nous nous félicitons du nouveau programme mondial sur le salaire vital de l’OIT, de la CSI et de l’OIE. Aucune famille ne devrait être obligée de choisir entre la faim et le travail des enfants ;
- assurer une protection sociale universelle. Les allocations familiales, le soutien au revenu et les soins de santé sont des outils qui ont fait leurs preuves pour prévenir le travail des enfants. Les gouvernements doivent les financer, en particulier dans les communautés rurales et à faible revenu ;
- appliquer les conventions de l’OIT 138 et 182. Les lois contre le travail des enfants doivent être soutenues par une inspection du travail adéquate et des sanctions en cas d’infraction, ainsi que par l’accès des syndicats au lieu de travail. Le recrutement d’enfants dans les conflits armés doit être totalement interdit et leur réintégration dans la société doit être garantie ;
- investir dans une éducation publique de qualité et une transition juste. Des systèmes d’éducation publique gratuite et de qualité doivent atteindre tous les enfants, en particulier les filles, les enfants migrants et ceux qui vivent dans des régions isolées ou touchées par des conflits. Les employeurs doivent soutenir des stratégies en faveur d’une transition juste visant à formaliser le travail, à garantir les droits du travail et à renforcer les communautés, au lieu de les exploiter.
À l’approche du Sommet social mondial des Nations Unies qui se tiendra à Doha en novembre prochain, les gouvernements doivent s’engager résolument à garantir que chaque enfant soit scolarisé, qu’un salaire vital soit assuré à chaque travailleur et qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte en période de crise.
La sixième Conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants, qui se tiendra au Maroc l’année prochaine, doit adopter une feuille de route garantissant une réelle responsabilisation des gouvernements, des entreprises et des institutions internationales en vue d’apporter un changement structurel moyennant des normes contraignantes, des chaînes d’approvisionnement équitables et l’application des normes du travail.
Nous soutenons des initiatives telles que Alliance 8.7 pour renforcer la coordination et le partage des connaissances entre les pays. Cette coopération internationale doit contribuer à mieux faire entendre la voix des acteurs locaux de la société civile, des mouvements dirigés par les survivants, des syndicats et des communautés. Nous devons accroître les investissements dans la collaboration Sud-Sud afin de rechercher conjointement des solutions et de poursuivre l’extension des zones exemptes de travail des enfants et des programmes de surveillance au niveau local.
Visionnez ici l’événement de haut niveau organisé lors de la 113e session de la Conférence internationale du Travail pour marquer la Journée mondiale contre le travail des enfants de 2025 avec le lancement du rapport conjoint OIT-UNICEF sur les dernières estimations mondiales du travail des enfants.